LE CABILLAUD ARCTIQUE MET LA PRESSION SUR LES CRIÉES

Le 10/04/2013 à 15:10 par La Rédaction

« C’est catastrophique. On est en train de tuer un produit qui était jusque-là synonyme d’excellence et qui devient maintenant un objet de promotion », clame Patrice Besnard, le représentant des mareyeurs lorientais.
En octobre, la Norvège et la Russie se sont accordées pour porter à un million de tonnes le quota de cabillaud à pêcher en mer de Barents pour 2013. Du jamais vu depuis l’instauration d’une gestion partagée des ressources de cette espèce, voici 40 ans : c’est 33 % de plus qu’en 2012 (751 000 tonnes).
Premier fournisseur de produits de la mer en France, la seule Norvège dispose d’un quota de 446 740 tonnes. « Pêché en Norvège, travaillé en Pologne, le poisson se vend en criée à moins de deux euros, renchérit Patrice Besnard. À ce jeu, vu les quantités dont il dispose, le mareyage traditionnel ne peut pas rivaliser. Il n’intéresse plus les clients et reste l’arme au pied. »

« Destabilisation »

Le fait que le cabillaud arctique est particulièrement gros et de qualité ajoute à la frustration des mareyeurs.
Les pêcheurs norvégiens privilégient des méthodes telles que le filet, la senne danoise ou encore la palangre. Il leur est imposé une taille minimale de capture (44 cm) ainsi que le rejet des prises en mer. De surcroît, la lutte contre la pêche illégale s’est intensifiée, d'autant qu’en 2011 le cabillaud arctique norvégien a reçu la certification Pêche durable par le Marine Stewardship Council (MSC).
Des acteurs importants tel Halieutis, qui importe chaque année un millier de tonnes de cabillaud surgelé, ont dû également anticiper cette importante baisse des cours. « C’est une déstabilisation significative. Les clients le savent et guettent la bonne affaire, insiste Xavier Besancenot, directeur du sourcing chez Halieutis. C’est par ailleurs une occasion de développer et d’élargir l’offre de cabillaud. Mais il n’est pas question de produire à l’aveugle. »

La grande majorité des achats en cabillaud se faisant au travers de la grande distribution, les prix tendent à s’effondrer en dessous de 10 euros le kg.Le consommateur devrait tirer son épingle du jeu, en perdant néanmoins sur la variété dans son assiette. « C’est compliqué de se battre avec les GMS, d’autant qu’un poisson comme le cabillaud reste pour eux un produit d’appel, finalement peu rentable, souligne Freddy Follezou, fondateur de la Maison du poisson. Il s’agit donc pour nous de se différencier en valorisant autant que possible le produit local, issu de la pêche côtière et artisanale. »

Bertrand Tardiveau

CHIFFRES CLÉS

2 700 dollars c’est le niveau de prix à l’achat de 1 000 tonnes de cabillaud arctique vidé et étêté aujourd’hui. L’an passé, ce niveau se situait autour de 3 600 dollars.
5 677 tonnes de cabillaud (+17 %) ont été débarquées dans les criées françaises en 2012.
10 euros, parfois moins, c’est le prix au kg du dos de cabillaud tel qu'il a été retrouvé récemment sur certains étals de GMS. Or, l’an dernier, ce prix oscillait autour de 15 euros.
1 milliard de poissons, c’est la plus importante réserve de cabillaud au monde qui a été estimée dans la mer de Barents, soit environ 3,5 millions de tonnes.

 

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