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Avec 74 000 tonnes de produits de la mer consommées en 2013, la Suisse a battu un record… À relativiser. En moyenne, chaque Suisse déguste 9 kg de protéines marines par an. Bien loin des 35 kg français. La Suisse n’est pas un marché de volumes et de fortes disparités de consommation existent selon les régions. Mieux vaut cibler la Suisse romande. Les 20 % de la population suisse achètent 60% des produits aquatiques vendus dans le pays des lacs et rivières. Nul hasard si près d’un poisson dégusté sur trois est un poisson d’eau douce. Les espèces les plus prisées sont la féra et l’omble chevalier vendus en frais entier ou en filets. Dans son guide intitulé « Agroalimentaire, où exporter en 2015 ? », Business France, fusion d’Ubifrance et d’Afii, indique, cependant que « le thon, la crevette, le panga et les poissons plats y sont les plus prisés », et les bars et dorades appréciés. Même si elle dépend à 98% des importations, la Suisse cultive un attrait certain pour le « made in Switzerland ». « Dans une étude récente, 60 % des Suisses se disaient prêts à payer plus pour des produits agroalimentaires issus de leur pays », indique Sabrina Lachal, chargée de développement chez Business France, à Zurich. Trouver un partenaire local qui transforme ou conditionne sur place peut s’avérer un plus. Pour s’ouvrir les portes du marché suisse et de ses grandes enseignes alimentaires, disposer d’un écolabel ( MSC, ASC ou Friend of the Sea) s’avère presque indispensable. La Suisse s’affirme aussi comme un champion de la consommation des produits bio. Pour les règles sanitaires à l’importation, tout produit qui respecte les critères de l’Union européenne n’est pas soumis à davantage de contrôles pour effectuer son entrée dans le pays. Un atout évident pour les produits français face à la forte concurrence internationale qui s’exerce en Suisse. Le pouvoir d’achat y attire les courtisans. Loïc FABRÈGUES |
[Enjeux]
Dépendant à 98 % des importations, le marché suisse des produits de la mer offre de belles opportunités commerciales, pour les acteurs de la marée notamment, à condition de répondre aux exigences de ce pays à fort pouvoir d’achat. Le secteur de la restauration, à l’origine de 55 % des ventes de produits aquatiques dans le pays, apprécie un service « à la carte » et soigné quand le consommateur final est lui particulièrement sensible aux conditions de pêche et d’élevage.
[LE CONSEIL DE Laurent Isoux, Pdg de Gastromer]
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Franco-suisse, Laurent Isoux travaille depuis 1979 dans le secteur des produits de la mer en Suisse, où il a créé en 1993 Gastromer pour servir le marché de la restauration et de l’hôtellerie. « Le marché est bon, car régulier. À condition d’être précis : en Suisse, on travaille les produits de la mer comme l’horlogerie. Personne n’acceptera 6 coquilles Saint-Jacques au kilo, quand la commande porte sur du 4 pièces au kilo ». « Qualité et services » sont aussi attendus : « le fait main » y est la norme pour la préparation de la marée. « Marché d’instinct où il n’y a pas de pré-commandes », la restauration peut s’avérer complexe à livrer depuis un pays frontalier. La douane, qui ferme le samedi pour le week-end, est une composante à ne pas négliger. Pour attaquer ce marché « parfois jugé compliqué, il faut prendre le temps de l’analyser avec les gens qui y sont implantés. Cela permet de bien appréhender les coûts logistiques, élevés du fait de la taxe poids lourd et de la multitude des points à servir pour de petits volumes. » |