Le marché chinois aiguise les appétits. Avec 1,4 milliard d’habitants, un niveau de vie en hausse et un goût certain pour les produits de la mer, le pays pourrait représenter 38 % de la consommation mondiale de produits de la mer en 2030 (1). Un débouché potentiel que les Français vont pouvoir investir plus largement suite à la signature d’un nouvel accord commercial.
À l’occasion de la visite du président chinois Xi Jinping en France du 24 au 26 mars, le ministère de l’Agriculture et le service chinois des douanes ont acté l’élargissement de la liste des mollusques pouvant être exportés vers la Chine. «C’était l’occasion de clarifier les choses, avec une liste propre pour les mollusques et un accord stable dans le temps », explique Jérôme Lafon, délégué pour les filières pêche et aquaculture à FranceAgriMer. Car pour exporter des produits frais, transformés ou surgelés vers la Chine, l’exportateur français doit être inscrit sur une liste d’établissements habilités (ce qui n’est pas le cas pour le vivant) et le produit en question doit figurer sur une liste, qui vient donc d’être amendée.
Cet accord concerne notamment le bulot, le concombre de mer, la crépidule, l’oursin, l’ormeau, le bigorneau, les pectinidés, les moules et les céphalopodes. « Le marché chinois est très demandeur d’une variété de produits de la mer pour lesquels on ne pensait pas forcément à la France en termes d’origine », analyse Jérôme Lafon. C’est désormais possible.
La France a exporté, en 2018, 2 900 tonnes de produits de la mer vers l’empire du Milieu, pour une valeur de 23 millions d’euros. Largement en tête, les huîtres vivantes ont connu une véritable explosion ces dernières années avec 2 000 tonnes exportées pour 16,4 millions d’euros. La légine congelée venant de La Réunion (200 tonnes pour 3 millions d’euros) ainsi que le chinchard et le sandre congelés (700 tonnes) complètent le podium. Le tourteau représente également un débouché important (environ 400 tonnes en 2016) mais les importations chinoises de produits français sont suspendues en raison de taux de cadmium jugés trop élevés, alors qu'elles se développent côté britannique.
L’accord commercial ouvre donc de nouvelles perspectives. « Certains opérateurs sont dans les starting-blocks », indique Jérôme Lafon, soulignant le potentiel pour le bulot par exemple. « C’est un produit très demandé en Asie, bien au-delà de ce que la France peut fournir. Mais une partie du marché peut être accessible, notamment en premium, avec pour arguments l’IGP du bulot de la baie de Granville, la certification MSC, la pêche de proximité… » Le concombre de mer français peut aussi tirer son épingle du jeu, notamment en provenance de Saint-Pierre et Miquelon, jusque-là transformé au Canada, et de Nouvelle-Calédonie. « Cela a aussi un intérêt pour les opérateurs qui lancent des expérimentations en aquaculture en Méditerranée et en Bretagne », ajoute le délégué de FranceAgriMer.
« L’objectif est de permettre aux exportateurs de travailler plus sereinement sur certains flux potentiels », ajoute-t-il. En effet, l’accord est valable pour une durée de cinq ans reconductible.
Eve CHALMANDRIER
(1) Étude prospective de la Banque mondiale Fish to 2030
Stéphan Alleaume, cogérant des Parcs Saint-Kerber et référent export du Comité national de la conchyliculture « Nous produisons 700 à 800 tonnes d’huîtres par an, dont 90 % partent à l’export. Nous vendons en Chine depuis une dizaine d’années. Les volumes sont variables d’une année sur l’autre mais c’est un marché important. Il s’agit d’huîtres et d’un peu de moules de bouchot, en vivant. Toutes les catégories sont appréciées : fines, spéciales et plates. Elles sont expédiées par avion, nos produits ayant une DLC de dix jours, vers des grossistes. |