L’étiquetage nutritionnel simplifié divise

Le 17/05/2017 à 14:05 par La Rédaction

[ LES TEXTES ]

Pour une communication graphique

Le règlement européen n° 1169/2011, dit « Inco », impose des informations nutritionnelles obligatoires sur les aliments préemballés. Il prévoit aussi que « les États membres peuvent recommander aux exploitants du secteur alimentaire d’utiliser une ou plusieurs formes d’expression ou de présentation complémentaires de la déclaration nutritionnelle ».
L’article 14 de la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 s’inscrit dans ce cadre. Il stipule que « […] la déclaration nutritionnelle obligatoire […] peut être accompagnée d’une présentation ou d’une expression complémentaire au moyen de graphiques ou de symboles. Les modalités sont établies et font l’objet d’une évaluation avant d’être définies, après avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, par décret en Conseil d’État. »

Sources : Fonds français pour l’alimentation et la santé / Loi n°2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé

 

 

 

 

[ Pas si simple ! ]

Sans tomber dans la caricature, l’étiquetage nutritionnel simplifié fait débat. Après les années de discussion qui ont suivi la remise du rapport Hercberg de 2014, la solution retenue est loin de faire l’unanimité.
Publiée en janvier 2016, la loi de modernisation de notre système de santé prévoit que les pouvoirs publics recommandent aux producteurs et aux distributeurs un système d’étiquetage nutritionnel graphique pour faciliter le choix d’achat du consommateur au regard de l’apport en énergie et en nutriments des denrées alimentaires. Dès mars 2015, la ministère des Affaires sociales et de la Santé a entamé une concertation avec des représentants des industriels, des distributeurs, des consommateurs, des autorités sanitaires et des scientifiques pour déterminer les systèmes graphiques possibles.

Entre-temps, toutefois, plusieurs avis de l’Anses (1)ont semé le doute. En 2015, elle évaluait le système d’information nutritionnel dénommé 5C, proposé par le Professeur Hercberg. Techniquement faisable, sous réserve d’être complété par d’autres données que celles obligatoires, il apparaissait discriminant pour certains groupes d’aliments mais insuffisant pour d’autres.

En 2016, l’Agence comparait le système 5C, rebaptisé depuis Nutri-Score, au Système d’étiquetage nutritionnel simplifié (Sens) proposé par la grande distribution. Concluant à une concordance globale des deux systèmes.
En février dernier, l’Anses complétait ses travaux en évaluant plusieurs systèmes d’information nutritionnelle (SIN), dont les deux précédents. Rendant un avis déroutant : « En l’état actuel des connaissances, la pertinence dans une perspective de santé publique des SIN examinés n’est pas démontrée. »

Au final, le ministère décidait, après concertation avec les acteurs concernés et les experts scientifiques, d’évaluer les systèmes en conditions réelles d’achat, afin de sélectionner le plus pertinent. Avec des résultats positifs. « Pour la première fois, l’intérêt d’un logo nutritionnel et l’efficacité du logo Nutri-Score sont démontrés », déclarait Marisol Touraine, ministre de la Santé, à la remise de l’étude le 15 mars dernier.

Mais alors que les associations de consommateurs CLCV (2) et UFC-Que Choisir se félicitaient, les distributeurs répliquaient le lendemain via la FCD (3) en choisissant leur système : celui baptisé Sens. Six géants de l’alimentaire – Coca-Cola, Mars, Mondelez, Nestlé, Pepsico et Unilever – ont annoncé le lancement de leur propre logo à l’échelle européenne. Tandis que l’Ania (4) déclare maintenir son engagement dans la concertation. Dans cette bataille qui ne semble pas finir, que décideront les acteurs de la filière des
produits de la mer ?

Anne-Caroline RENARD


(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail - (2) Consommation, logement et cadre de vie - (3) Fédération du commerce et de la distribution - (4) Association nationale des industries alimentaires

 

[ Tests en conditions réelles ]

Une évaluation des systèmes graphiques en conditions réelles d’achat s’est déroulée entre le 26 septembre et le 4 décembre 2016 au rayon traiteur frais, viennoiserie industrielle, pain et pâtisserie industriels, plats cuisinés en conserve.

  /tl_files/_media/redaction/6-Reportages-et-Decryptages/Decryptages/2017/2017-05/conseiletiquetage.jpg

 

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn
  • More Networks
Copy link
Powered by Social Snap