Loin des assiettes, le potentiel des algues

Le 18/09/2015 à 14:06 par La Rédaction

« L’algue est une ressource positive »

Rémy Lucas, Fondateur d’Algopack

 

Les algues sont tendance, et pas seulement dans l’agroalimentaire où l’originalité est néanmoins de mise. Le projet Ulvans, labellisé par le pôle mer Bretagne, lance la collecte des fameuses algues vertes dans les baies les plus envahies, pour en tirer leur sucre, soit les polysaccharides ou ulvanes, les éléments minéraux et des molécules diverses pour le secteur de l’agro-industrie. À Saint-Malo, Tête en mer a créé des jus de fruits et des potages aux algues rouges ou vertes, riches en fibres, en minéraux et en antioxydants.
Dans un tout autre domaine, la société d’Ille-et-Vilaine Felor a créé Algo, une peinture écologique composée à base d’algues brunes de la baie d’Iroise et de résines végétales. Le brevet a été déposé en 2012. Les laminaires sont lavées à l’eau claire, séchées et concassées, puis associées à des résines végétales qui servent de liant. Le produit est apprécié tant par les professionnels du bâtiment que de la décoration intérieure.

En lançant Algopack en 2010, Rémy Lucas avait lui, un autre objectif : remplacer le plastique par les algues. « La demande du marché est de plus en plus forte pour des matériaux responsables, analyse-t-il. Mais l’orientation prise pour les biomatériaux au niveau mondial s’était plus concentrée sur des produits agrosourcés à base de canne à sucre, de maïs et autres. Des végétaux, consommateurs de beaucoup d’eau, de pesticides et d’engrais qui empiètent sur le foncier agricole. Les algues, c’est tout l’inverse. Elles ont un rôle important pour la biodiversité et séquestrent du CO2. D’où mon envie de partir de cette ressource positive, noble et présente sur le territoire ».

 

 

[C'est concret]

Un matériau local et fiable
Un matériau local et fiable
L’algue brune qui intéresse Algopack est présente localement. La société a
un partenariat avec la société C-Weed aquaculture pour étendre les surfaces de culture. En attendant, Algopack s’approvisionne aussi au Chili,
au Japon et en Europe du Nord.


Algoblend
Moitié algues, moitié plastique, le matériau peut être utilisé dans les process d’injection, d’extrusion et de thermoformage, avec différents grades. La matière est apte au contact alimentaire direct, aux normes du jouet, de la puériculture… Elle est exempte de bisphénols, de phtalates.
Elle se colorie dans la masse avec des pigments standards. Les clients : Leclerc, le Crédit agricole, Coq en pâte pour les jouets, des industriels du revêtement de sol…

Algopack
100 % à base d’algues, ce bio plastique se décompose
en 12 semaines au compost. En fin de vie, il permet de fertiliser la terre. C’est une fonction historique de l’algue. Algopack a aussi levé le verrou de l’imperméabilité
de la matière.

 

 

 

En lançant Algopack en 2010, Rémy Lucas avait lui, un autre objectif : remplacer le plastique par les algues. « La demande du marché est de plus en plus forte pour des matériaux responsables, analyse-t-il. Mais l’orientation prise pour les biomatériaux au niveau mondial s’était plus concentrée sur des produits agrosourcés à base de canne à sucre, de maïs et autres. Des végétaux, consommateurs de beaucoup d’eau, de pesticides et d’engrais qui empiètent sur le foncier agricole. Les algues, c’est tout l’inverse. Elles ont un rôle important pour la biodiversité et séquestrent du CO2. D’où mon envie de partir de cette ressource positive, noble et présente sur le territoire ».

L’ingénieur connaît bien son affaire. D’une part, il est issu d’une famille de goémonier du Finistère, de l’autre, il a travaillé une quinzaine d’années dans l’industrie du plastique, avant de devenir un pionnier de la chimie bleue. Dans son garage, il aura mis 10 ans pour trouver les bonnes molécules. À partir d’algues fraîches, il élabore un procédé de fabrication de granules avec des propriétés industrielles globales, des marques et des brevets.
Son premier produit s’appelle l’Algoblend. Moitié algue et moitié plastique, il constitue une première étape, un véritable bioplastique compatible avec les emballages alimentaires, operculable et micro-ondable en même temps que recyclable.
Fin 2014, l’Algopack va plus loin en étant constitué à 100 % d’algues. « Il ne répond pas encore à tous les critères permettant un contact avec de l’alimentaire, mais nous y arriverons. Par contre, début septembre, nous sortirons la première gamme de clés USB 100 % algues ! Nous nous lançons donc à la conquête d’un marché de 100 millions d’unités par an en Europe. Nous allons continuer la recherche et le développement, tant dans l’alimentaire que dans l’automobile ou la téléphonie. De grands groupes, des clients mondiaux, nous accompagnent. »
Autant de produits finis qui peuvent offrir des débouchés à une algoculture naissante. Sans compter que l’algue, une fois transformée, peut servir de matière première pour l’impression 3D. « Ce n’est plus une question de faisabilité. Nous sommes aujourd’hui opérationnels. Mais nous attendons un peu et faisons preuve de prudence vis-à-vis du développement de ce secteur d’activité, d’un point de vue juridique notamment. » Composé à 50 % d’algues, mais avec une formule spécifique, le Seaweed a effectivement été mis au point à Saint-Malo, avec Fabshop, société locale spécialisée dans les imprimantes 3D. Le principe est de chauffer un filament en plastique qui devient liquide et se superpose en couches pour former un objet. Les concurrents en place sont pour l’heure l’ABS, matériau phare des briques Lego et le PLA à base d’amidon de mais. « Nous allons vers une nouvelle offre, entre matériaux agrosourcés et pétrochimie. »

Dominique GUILLOT

 

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