Inutile de rappeler sur quelle espèce la société d’Ostende a bâti ses fondations : Morubel est une contraction de Morue Belge ! Et pourtant, plus de 50 ans après sa création, elle est devenue une actrice majeure de la crevette. Morubel appartient depuis 1999 au groupe Heiploeg, premier producteur européen de crevette, avec 300 millions de chiffre d’affaires et 2 500 employés à travers le monde.
Le Néerlandais Heiploeg est leader sur la crevette grise (crangon crangon) mais affiche la volonté de devenir le premier fournisseur de crevettes durables d’Europe occidentale : sauvage et d’aquaculture, froide et tropicale, crue et cuite, entière et décortiquées… Créé en 1900, à ZoutKamp aux Pays-Bas, le groupe propose des produits à la grande distribution (56 %), les grossistes (29 %) et l’industrie (14 %). Le tout, principalement sous marque de distributeurs.
À Ostende, Morubel dispose d’un site de 37 400 m2 qui abrite trois lignes de production, une de décongélation et six de conditionnement, pour une capacité totale de 14 000 tonnes annuelles. Sa gamme de produits finis est constituée de crevettes, mais aussi de coquilles, calamars, et divers produits à valeur ajoutée à base de produits de la mer. Le site compte un stock de 3 000 palettes. Les crevettes y sont décongelées en saumure, cuites et congelées par cryogénie puis conditionnées en sachet ou en sac.
Les marchés de Morubel ? L’Europe du Sud achète beaucoup de petites crevettes natures avec du glaçage, tandis qu’au Nord, on apprécie plus de la grande crevette d’élevage, commercialisée en scampi. « La France constitue un marché très important pour nous, explique Chris Meskens, la directrice de la communication de Morubel. La grande distribution et les freezers centers pour la petite crevette tropicale décortiquée. Nous avons été concurrencés un temps par des approvisionnements en direct. Mais les clients reviennent vers des spécialistes qui disposent d’une véritable expertise et savent gérer les problèmes ».
La crise freine néanmoins les développements de produits à valeur ajoutée pour lesquels la cellule de recherche de Morubel a souvent su se montrer très créative, Prix d’Élite remportés au Seafood de Bruxelles à l’appui. « Nous sommes dans une période de retour au basique et au bon marché ».
En 2011, le groupe a vu avancer un dossier qui lui tenait particulièrement à cœur dans le domaine de sa démarche vers plus de produits durables. « Nous travaillons depuis l’année 2000 de la crevette du Suriname (ex Guyane néerlandaise, frontalière avec le Brésil). Et en novembre 2011, nous avons obtenu la certification MSC pour la crevette Seabob (xiphopenaeus kroyeri). Il s’agit de la première crevette tropicale à décrocher le label MSC ».
La Seabob est une crevette connue en Amérique du Sud et sur les marchés d’Amérique du Nord. Avec ce label, Heiploeg espère la vulgariser en Europe. Un processus de certification est également en route pour l’origine Guyane. Il s’agit d’un stock bien distinct. « Les capacités au Surinam sont d’environ 3 500 t. Elles sont plus importantes en Guyane ».
Cette crevette sauvage est pêchée au chalut lors de campagnes de 5 à 7 jours de mer. Entre la Guyane et le Surinam, elle concerne 36 navires. Elle est conservée à bord dans la glace, puis débarquée et aussitôt décortiquée et calibrées mécaniquement. Ces opérations sont finalisées par des femmes. « C’est une crevette de bonne qualité, bien structurée, à la chair ferme et blanche. Elle se prête très bien à diverses recettes, pour faire de l’enrobage dans une sauce».
MORUBEL
Dirigeant : Marc de Wulf Chiffre d’affaires : 85 millions |