Nireus, l’un des rois de la mythologie grecque, l’est encore aujourd’hui dans l’univers aquacole méditerranéen du bar et de la daurade. L’entreprise, puissante et intégrée, est toujours en développement malgré les évolutions des marchés internationaux.
Nireus 1988 : création à Chios 2000 : Nireus devient 2010 : lancement 2018 : 34 500 tonnes de production pour 197,3 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 1 200 personnes. |
Beau, calme et abrité, le site de Kardamyla, sur l’île de Chios, à l’est de la Grèce et à quelques encablures des côtes turques, offre une proximité presque anecdotique lorsque l’on observe le retournement du marché entre les productions de bar et de daurade des deux voisins. En 1988, Nireus installe ici sa première ferme : le début d’une saga. Le site devient ensuite l’une des écloseries du groupe, leader international dans la production et la commercialisation d’alevins et de poissons, bar et daurade en tête, mais aussi de maigre et de pagre. « Nous produisons ici 25 millions d’alevins par an et visons 30 millions, détaille Panagiotis Floros, responsable de l’écloserie depuis 1991. Nous disposons d’un stock de géniteurs, renouvelé tous les deux ans, issus d’une écloserie spécifique dans laquelle s’effectue la sélection. » Nireus cultive dans le même bâtiment algues et crustacés nécessaires au développement des alevins. De Kardamyla, la société distribue, par camions, alevins et petits poissons dans les fermes proches ou lointaines, du groupe ou non. Avec une capacité totale de 167 millions de pièces par an dans ses écloseries et ses centres de grossissement, Nireus est en effet aussi un acteur important du marché amont. « À l’origine, nous achetions en Turquie, poursuit le responsable. Désormais, nous produisons tout ce qu’il nous faut et vendons en Espagne, Tunisie, Turquie, France, Albanie, Croatie, Algérie… » En mer, les cages regroupent des stocks composés d’alevins des mêmes mois, écloserie et espèce. L’alimentation, automatisée depuis une barge, est suivie très précisément. Sur le cycle maritime, les spécialistes indiquent un taux de survie de 85 % et visent 90 %. Cécile Baulard, la responsable qualité, se félicite quant à elle de la toute récente certification ASC (en plus des Iso 9001 et 14001, GlobalGap et BRC) : « Début juin, nous avons été dans les premiers en Méditerranée à la recevoir pour deux sites de production. D’autres suivront. » L’ensemble intégré de Nireus, comprenant les fermes, particulièrement concentrées à l’ouest du pays, et une douzaine d’unités de conditionnement, est complété par un centre de R & D, Proteus, filiale de production d’équipements dédiés aux fermes (filets, bassins…) et deux usines d’alimentation animale d’une capacité de 90 000 tonnes. En bout de chaîne, la logistique s’effectue via trois pôles : Athènes, Patras et Milan. Le site de transformation d’Athènes a failli être transféré à l’ouest, mais le projet demeure suspendu à l’accord de la Commission européenne sur la fusion entre Nireus, Selonda et Andromeda. L’autorité somme en effet le futur géant d’abaisser sa production globale de 10 000 tonnes, ainsi que celle d’alevins. Le port de Patras est directement connecté à l’Italie et la plateforme de Milan, opérée avec Stef, assure l’éclatement en Europe. Installé à deux pas de l’aéroport, le site d’Athènes est aussi un atelier de transformation. « Le marché porte principalement sur du poisson entier, mais nous assurons ici du filetage, rappelle Alexandra Giannoti, responsable marketing. Il reste manuel, car l’automatisation n’a pas été performante en termes de rendements. Nous lançons aussi en Italie un produit élaboré, du filet prêt à cuire avec sauce à 6,99 euros chez Auchan et Coop. Nous envoyons du bar et de la daurade filetés près de Venise où il est fileté et mis sous vide selon six recettes différentes. C’est notre première offre ready to cook en frais. » « Gérer l’offre et la demande, la disponibilité dans les fermes sur les bonnes tailles au bon moment, la rentabilité… est parfois compliqué, confie Kristos Boyaci, responsable export. Mais nous sommes particulièrement bien installés sur trois marchés qui se tiennent en volume : l’Italie, la péninsule ibérique et la France. Notre souci aujourd’hui ? Enrayer la chute des prix moyens, passés en dessous de 5 euros/kg à cause de la concurrence turque. » Avec une carte principale : l’image qualité de la Grèce. Reportage : Dominique GUILLOT |
Retrouvez notre diaporama