OMBRINE À MAURICE, J'HABITE UN LAGON

Le 15/05/2014 à 14:23 par La Rédaction

À l’image de l’embarcation qui fend l’eau du lagon sous l‘accélération du moteur, la ferme marine de Mahébourg monte en puissance. Son actionnaire majoritaire, la Compagnie mauricienne de textile (CMT) a injecté 6 millions d’euros pour développer l’entreprise. Piloté par Olivier Daguin, directeur de production, le bateau se rapproche rapidement des cages mouillées par 20 mètres de fond, à l’abri de la barrière de corail. Responsable de la ferme depuis ses débuts, l’homme est confiant : « Avec l’apport de capital, nous allons dupliquer un modèle d’élevage éprouvé depuis une quinzaine d’années sur un site de qualité exceptionnelle. »

Grâce aux conditions hydrauliques du lagon, à la stabilité des températures comprises entre 23 et 28 °C et à l’absence de maturation sexuelle, l’ombrine tropicale pousse vite. En 18 mois, ce magnifique carnassier à la robe dorée atteint presque 2 kg. « Nous laissons faire la nature. Afin d’éviter les manipulations stressantes pour le poisson, on ne pratique pas de poids moyen. La densité atteint maximum 18 kg/m3 et il n’y a pas de traitement médicamenteux. On change de filet toutes les trois semaines pour éviter les produits antifouling. Quant à l’aliment, il se compose principalement de protéines végétales et d’huile de thon produite à Port-Louis », précise le responsable.

Parce que l’ombrine ne se reproduit pas à l’état sauvage à Maurice, FMM assure l’ensemble du cycle reproduction et d’alevinage dans l’écloserie-nurserie. De retour dans les bâtiments d’où l’on peut surveiller les deux sites de grossissement aux jumelles, nous traversons le chantier en cours de la seconde écloserie. « C’est un élément-clé de notre développement. La conception des nouvelles installations se base sur une séparation sanitaire des modules : géniteurs, écloserie, nurserie. Ici, pas d’antibiotiques ! » argumente Olivier Daguin. Même si l’ombrine reste l’espèce phare de l’entreprise, le plan de croissance prévoit l’introduction et l’élevage du bar. « L’espèce européenne s’adapte volontiers aux eaux mauritiennes et nous avons une forte demande dans ce sens. » À terme, FMM envisage de faire grossir des espèces locales, telles que le « gueule pavée » ou le « cordonnier » à partir de juvéniles sauvages. « Le cordonnier ou rabbit fish a l’avantage de grandir vite et d’être végétarien »,  ajoute le responsable.

Avant cela, la production croissante d’ombrine et de bar nécessite d’étendre l’exploitation sur trois sites supplémentaires. Fort de cinq trains de cages à l’horizon 2017, FMM espère atteindre les 3 000 tonnes dont un tiers de bar. À terre, l’unité de découpe et d’expédition va aussi passer à la vitesse supérieure. Deux extensions sont au programme. L’une concerne la réception et le tri automatique du poisson. L’autre consiste à augmenter le stockage en chambre froide. « Le challenge est d’arriver à traiter 100 tonnes par semaine et de pouvoir descendre le poisson en température à 0° C avant l’expédition » souligne Evert W. Liewes, directeur général. Expédié principalement frais, le poisson se destine à 80 % vers l’export aux États-Unis et l’Europe. 

Texte et photos : B. VAUDOUR

 

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