Poissonnerie : du neuf dans la convention collective

Le 25/06/2020 à 9:42 par La Rédaction

« La convention collective de la poissonnerie a beaucoup évolué ces deux dernières années », souligne Pierre-Luc Daubigney, secrétaire général de l’Opef. La branche représente quelque 3 000 entreprises et 8 000 salariés. Il s’agit de poissonneries, mais aussi du commerce de gros de poissonneries. « Comme c’est le cas dans chaque négociation touchant à la convention collective, les décisions sont prises en commission paritaire, avec les six centrales syndicales représentatives associées, et non de manière unilatérale », insiste Silvère Moreau, président de l’Opef. Les évolutions concernent trois blocs d’avenants distincts.

Santé/prévoyance : un cadre plus protecteur
Les changements les plus nombreux concernent la santé/prévoyance. Le régime de branche a été mis en conformité avec le régime 100 % santé depuis juillet 2019. Il concerne désormais tous les salariés de la poissonnerie artisanale, mais aussi ceux du gros et du demi-gros, et offre des garanties améliorées. À l’Apgis, qui assure la collecte et les versements de prestations aux personnes en arrêt maladie, le ratio S/P (sinistre/prime) est quasiment de 1. « C’est-à-dire qu’un euro collecté est un euro utilisé utilement pour les salariés du secteur poissonnerie, résume Pierre-Luc Daubigney. Il existe un fonds de solidarité, qu’il ne faut pas hésiter à solliciter quand il y a un reste à charge santé important. » Une commission étudie ainsi les dossiers au cas par cas, par exemple dans le cadre de frais dentaires. Des aides significatives sont attribuées sous condition de ressources.

Depuis janvier 2020, un système de téléconsultation gratuite (sous-traité à Axa) a été mis en place. Celui-ci couvre également le conjoint et les enfants. Imaginé à la base pour éviter l’automédication, les prescriptions de vaccin ou les attestations enfant malade, il s’est montré bien utile dans le contexte de crise sanitaire du coronavirus. « Le dispositif s’est avéré très pertinent. Il a permis de désengorger le 15 et a eu de très bons résultats », se réjouit Silvère Moreau.

Une anomalie a par ailleurs été rectifiée. La garantie incapacité/invalidité, qui existait pour les cadres, s’applique désormais aussi aux non cadres depuis le 1er juillet 2019. « Le cadre de la convention collective est très protecteur pour les salariés. Son caractère social est essentiel pour le bien-être dans la branche », affirme Silvère Moreau.

Des formations adaptées aux reconversions
D’autres changements réglementaires majeurs concernent la formation, avec la fin des Opca et le début des Opco (opérateurs de compétences). La poissonnerie, qui dépendait jusqu’ici d’Opcalim (qui incluait également les industries agroalimentaires), est désormais rattachée à l’Opco des entreprises de proximité, avec l’ensemble de l’artisanat de détail. « Toutes nos professions ont la culture de l’apprentissage et beaucoup d’apprentis. Il était important de se regrouper en un seul et même lieu pour avancer ensemble sur les spécificités alimentaires », assure Pierre-Luc Daubigney. La création d’un contrat de qualification professionnelle (CQP) favorise pour sa part l’entrée de nouveaux dans le métier, par exemple en cas de reconversion. Il repose sur une formation technique de 350 heures, doublée d’un temps opérationnel. Cette formation courte, certifiante et reconnue, est déployée sur le territoire pour apporter des compétences.

Un troisième volet, sur les salaires, viendra prochainement s’ajouter. La crise sanitaire ayant perturbé les négociations en cours, il a été reporté à une date ultérieure.

Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

 

Coronavirus : des menaces sur la profession

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Silvère Moreau,
président de l’Organisation
des poissonniers-écaillers de France (Opef).

Les poissonneries sont directement impactées par la crise du Covid-19 et les conséquences pourraient être « sanglantes, avec 5 à 10 % de dépôts de bilan, au minimum », redoutait en avril Silvère Moreau. Si les poissonneries étaient restées ouvertes, elles manquaient de clients du fait du confinement, en particulier celles situées sur la côte. Or, la profession n’a pas eu le droit aux aides prévues pour les entreprises de tourisme, ni aux annulations de charges dont bénéficieront probablement les restaurants. Une autre difficulté concerne l’approvisionnement, quand rares sont les pêcheurs à partir en mer. « Pour des raisons de rentabilité, il n’y a plus de grande pêche, seulement de la petite pêche côtière centrée sur des captures nobles. Et le marché international va rester bloqué au moins jusqu’au 15 juillet », s’inquiète le président de l’Opef. Du côté des aides, le bilan n’était guère meilleur mi-avril. Les assurances ne couvrent pas la perte d’exploitation des commerçants.

Les banquiers, eux, ne joueraient pas toujours le jeu, en refusant des prêts. « C’est honteux, alors même que l’État se porte garant à 90 % », déplore Silvère Moreau. Quant au chômage partiel, rien n’avait été versé un mois après les premières demandes. « Or, nous sommes vraiment en mode survie. Il y a urgence vitale. »

 

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