Véritable ambassadrice du modèle islandais intégré, Skinney Thinganes produit du cabillaud, du poisson bleu et de la langoustine à Höfn. Ici, le poisson est à peine débarqué que les filets sont exportés, notamment vers la France.
L’usine de Skinney Thinganes est un vivier d’emplois majeur dans la petite ville de Höfn, au sud-est de l’Islande. Avec sa cinquantaine de salariés en production et - une trentaine à l’administratif et la gestion des lignes, l’entreprise halieutique pèse lourd dans l’économie de la région. En comptant les autres sites, elle emploie 300 personnes, dont 90 marins-pêcheurs.
La compagnie compte trois sites : un de farine et huile de poissons, un de poissons de fond, et le site de Höfn qui traite poissons blancs, poissons bleus et langoustines. Skinney Thinganes est né en 1999 après la fusion de trois compagnies : Borgey, Skinney et Thinganes. Cette fusion a surtout eu un intérêt économique pour rationaliser les finances des entreprises, mutualiser les coûts et la flotte, et faciliter l’export en partance de Höfn. Aujourd’hui, l’entreprise est l’un des quatre propriétaires de Stormar, fournisseur et exportateur de poissons islandais, principalement en Europe! Skinney Thinganes travaille à toutes les étapes de la chaîne de valeur : la pêche, la transformation et l’export, sans passer par l’étape criée et/ou mareyage qui existe en France. Le responsable de la production de poissons blancs explique ce choix : « Ça nous permet de contrôler la qualité tout le long de la chaîne de valeur. »
Ici, le poisson est pêché durant des marées de plusieurs jours. Une fois débarqué, il est stocké pendant deux jours maximum entre 0 et 2 °C. Les quatre chalutiers, le palangrier et les deux chalutiers pélagiques assurent une rotation optimale de l’approvisionnement de l’usine, et son fonctionnement quotidien. Skinney Thinagnes pêche principalement du cabillaud, du hareng et de la langoustine, mais aussi de l’églefin, du maquereau, ou encore du capelan. L’entreprise islandaise a différents marchés, en fonction des produits.
Les filets de cabillaud frais partent vers la France à 80 %, mais une part est réexportée par la France vers la Belgique, les Pays-Bas ou encore la Suisse. Le reste du cabil laud frais est destiné aux États-Unis. Concernant le filet de cabillaud congelé IQF, il est envoyé en France et aux ÉtatsUnis, mais surtout aux industriels britanniques pour servir de matière première au fish and chips. Au final, ce sont 50 à 60 tonnes qui sont expédiées vers la France chaque semaine, 10 tonnes par jour ouvrable. La clientèle hexagonale a évolué durant la crise sanitaire.
Historiquement, Skinney Thinganes exportait pour moitié vers les grossistes comme Métro ou Pomona, et l’autre moitié directement vers la GMS. Aujourd’hui, la part de la GMS est passée à 90 % dans le marché français de la compagnie. Concernant les autres produits, les poissons bleus sont congelés et expédiés sous forme de blocs aux industries agroalimentaires d’Europe de l’Est, et la langoustine est également congelée et exportée vers les grossistes et restaurateurs français et espagnols. L’usine possède trois lignes de production, une pour chacun des produits : poisson blanc, poisson bleu, crustacé.
Lors de la venue de PDM, seule la ligne poisson blanc était en activité, la ligne poisson bleu fonctionnant surtout la nuit, et la ligne crustacé durant la saison d’avril à novembre. Notons que cette année, la saison de la langoustine s’est arrêté plus tôt, à cause d’une baisse du quota suite à la dégradation du stock. La ligne de poisson blanc est une solution Marel, notamment pour le module de découpe par jet d’eau, le best-seller de la multinationale. Les poissons y sont éviscérés et filetés automatiquement, avant que la peau ne soit ôtée à la main. Les filets passent sous rayon laser pour déterminer les profils de découpe, sous rayons X pour détecter les arrêtes, et enfin sont découpés au jet d’eau. Les morceaux de filets sont ensuite triés vers deux tapis : soit pour être congelés soit pour être mis en caisse frais. Dans le premier cas, ils passent au congélateur IQF avant d’être exportés en caisse. Dans l’autre cas, ils sont triés à la main pour obtenir des caisses à poids fixe.
Le responsable de la ligne poisson blanc est confiant quant à son évolution : « Une machine de tri automatique pour faire du poids fixe va bientôt arriver. » De quoi augmenter encore davantage la productivité de l’usine. Les exportations se font principalement à bord du paquebot de l’entreprise, avec une livraison en quatre jours aux clients français. L’avantage du bateau par rapport à l’avion est le moindre coût financier et carbone, et la stabilité de la température. Ce dernier critère est d’autant plus important à Höfn étant donné que l’export aérien se fait avec deux avions : un de Höfn à Reykjavik, et de Reykjavik à Paris ou au Nord de la France.
Autant de transferts et de manutentions qui rendent la conservation des produits délicate. Celle-ci se fait dans des caisses de polystyrène expansé remplies de glace, qui maintiennent les produits entre 0 et 2 °C, dans des containers réfrigérés. Les regards de l’entreprise et de Hjalti Vignisson, gérant exécutif de l’usine, sont tournés vers la nature de la demande. « En Islande, on vend notre poisson avant de le pêcher. On a ainsi une bonne visibilité, mais de quoi sera faite la demande après la crise sanitaire ? »
Skinney Thinganes
Lieu : Höfn, Islande
Date de création : 1999
Chiffre d’affaires : 76 millions
d’euros sur les trois sites.
Effectif sur site : environ
50 personnes en production,
30 en administratif et gestion.
Activité : Pêche, transformation
et export.
Produits : Poissons blancs
frais et congelé, poissons
bleus congelés, langoustines
congelées.
Reportage : Vincent SCHUMENG