Thai Union, le géant mondial du thon

Le 07/12/2015 à 10:21 par La Rédaction

 

En matière de thon, Thai Union cumule tous les superlatifs. Le groupe représente le plus grand producteur et exportateur mondial ainsi que le propriétaire de la plus importante usine de transformation. Située à une heure de Bangkok, celle-ci emploie 10 000 salariés.
Chaque jour, 600 tonnes de produits finis sortent des lignes : conserves de thon (en boîtes ou
en sachets), mais aussi de produits élaborés (en cup notamment) et de petfood pour chats et chiens

     

Thai Union

Siège : Bangkok (Thaïlande)

Création : 1977

Chiffre d’affaires :
4,3 milliards d’euros en 2014

46 000 salariés

4 % de bénéfice avant taxes

Une boîte de thon sur cinq produites dans le monde sort d’une usine Thai Union.

Marques : Petit navire, Chicken
of the sea, John West Foods, Mareblu, Bellotta…

Le groupe a racheté Petit navire
en 2010 et Meralliance (saumon fumé) en septembre 2014.

 

À La plus grande usine de thon au monde se niche en Thaïlande, dans la province de Samut Sakhon. À l’entrée du bâtiment, la large palette des produits qui sortent de l’usine accueille le visiteur : du thon en boîte de conserve, en sachet de type doypack, en cup, des plats préparés asiatiques ou occidentaux et des aliments de toutes sortes pour chiens et chats. « Le thon constitue une très bonne source protéique, rappelle Cheng Niruttinanon, président exécutif du groupe Thai Union. La demande reste stable en alimentation humaine et s’affiche en croissance sur le petfood. »

Des camions acheminent les thons surgelés jusqu’à l’usine où la qualité de chaque lot est contrôlée dès réception. Puis les caisses métalliques qui ont servi au transport sont stockées à -20 °C dans une salle entièrement automatisée. Pour le reste, le process se caractérise par l’importance du travail manuel. 10 000 personnes travaillent dans l’usine, huit heures par jour, six jours sur sept. Le salaire minimum, de 300 baths par jour, équivaut à environ 8 euros. La chaîne est intégralement nettoyée au quotidien pendant une interruption de production et un nettoyage partiel a lieu au moment du changement d’équipes. Les mesures d’hygiène sont drastiques.

Après décongélation (température portée de -20 °C à 0 °C), les thons sont cuits à la vapeur durant deux à trois heures. Ils sont ensuite refroidis par aspersion puis éviscérés. La préparation du thon à proprement parler constitue le cœur stratégique – et confidentiel – de l’usine. Dans un immense atelier, des centaines d’opérateurs parent les poissons à la main, en les grattant avec un couteau. L’opération dure à peine une minute. Dans une autre salle, les opérateurs retirent les arêtes et le muscle brun, afin d’isoler le muscle blanc. Les arêtes serviront à fabriquer des aliments pour poissons. Le muscle brun est destiné au petfood ou à l’alimentation humaine dans certains pays asiatiques. Ces coproduits sont transformés sur place, dans un autre bâtiment. Le muscle blanc, la partie la plus noble, est ensuite conditionnée. Les miettes sont destinées au petfood ou à l’alimentation humaine. « Un thon permet de récupérer 38 % de muscle blanc et 5 % de muscle brun, le reste étant composé par la tête, les arêtes… », explique Pramote Khwan-On, le directeur de l’usine. À noter que le bas coût de la main-d’œuvre n’est pas la seule raison de la réalisation manuelle de toutes ces étapes. Elles seraient en effet difficiles à automatiser.

Le conditionnement en boîtes de conserve reste lui aussi manuel alors que les opérations suivantes sont automatisées : remplissage de saumure ou d’huile (soja, olive…), sertissage puis stérilisation. Une boîte de thon se conserve cinq ans si elle est à l’huile, seulement trois ans pour la saumure. Les sachets type doypacks, plus perméables à l’oxygène, ne se conservent que deux ans. « Le coût de l’emballage en sachets est moindre, mais ils sont beaucoup plus fragiles à manipuler », observe Pramote Khwan-On.

Le thon produit dans l’usine thaïlandaise ne vise pas le marché européen, protégé par des droits de douane élevés (24 % pour les produits finis). L’usine Petit navire de Douarnenez ou une autre unité Thai Union installée aux Seychelles prennent en charge la transformation du thon destiné au marché français.

La filière thon thaïlandaise et Thai Union se sont récemment retrouvés sous le feu de critiques internationales diverses. Dans le collimateur : les techniques de pêche, mais aussi les droits humains sur les bateaux ou dans les usines. « 800 bateaux au total fournissent notre matière première. Des audits ont porté sur plus de 100 navires depuis mai 2015 et plus aucun n’est référencé sans avoir été audité », explique Cheng Niruttinanon. Et d’assurer qu’un « énorme pourcentage de ces bateaux respecte les standards internationaux, même s’il est toujours difficile d’apporter une garantie à 100 % ». Le président du groupe insiste sur le traitement « correct et juste » des salariés de l’usine. Tandis que, à bord des navires, le gouvernement thaïlandais a pris cette année des mesures fortes en faveur des marins.

Côté ressources, « la population de thons ne diminue pas : elle augmente sur le thon rouge et augmentera bientôt pour le thon albacore. Elle demeure stable sur le listao », détaille Cheng Niruttinanon. La Thaïlande a importé 694 000 tonnes de thon surgelé en 2014, dont 519 000 t de listao, 98 000 t d’albacore et 50 000 t de germon.

Textes et photos : Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

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