[60 millions rassurant ] ◗ « Aucun des produits issus |
Quelque 160 000 personnes développent chaque année en France des infections dues à des bactéries multirésistantes aux antibiotiques et près de 13 000 en meurent, selon un rapport rendu à la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Ces chiffres alarmants, liés à la consommation de médicaments antibiotiques, devraient faire de la lutte contre l’antibiorésistance une grande cause nationale en 2016. Et par ricochet, réveiller les peurs alimentaires, en focalisant l’attention du public sur la médication dans les élevages. Aux États-Unis et en Europe, le sujet est récurrent, mais il prend une ampleur nouvelle suite aux alertes de l’OMS. Les filières animales, en particulier porcine et avicole, ne sont plus les seules à afficher zéro antibiotique sur leurs produits. Le saumon Filière qualité Carrefour (FQC) leur a emboîté le pas l’an dernier, ouvrant un dossier qui, tôt ou tard, interpellera les autres productions aquacoles. Outre son aspect purement marketing, la communication « sans antibio » n’est pas encore réglementée, à la différence du « sans OGM » dont l’étiquetage fait l’objet d’un décret. Faute de texte référent, l’allégation zéro antibiotique pose de sérieux problèmes d’interprétation. Car il y a antibio et antibio… Éliminons d’emblée ceux intégrés dans l’alimentation pour optimiser la croissance : l’Europe a interdit leur usage. De toute façon, ces facteurs de croissance sont peu actifs sur des animaux à sang froid comme le poisson. Reste la médication préventive par antibiotique. Utilisée hier en salmoniculture, elle est quasi inexistante depuis la pratique élargie des vaccinations dans les fermes à saumons. Le standard ASC admet leur usage curatif. A contrario, le recours aux antibiotiques sans un diagnostic avisé revient à faire du préventif. Cette pratique sort des possibilités du référentiel ASC car « elle peut avoir des effets inverses et favoriser la résistance des bactéries. Par comparaison, de nombreux élevages de poulets, de porcs et de veaux utilisent encore des antibiotiques à titre préventif », souligne Michiel Fransen, coordinateur des standards ASC. L’écolabel insiste sur la nécessité d’un plan de prévention sanitaire avec différents scénarios de lutte dans l’optique de réduire l’arsenal thérapeutique. L’aquaculture biologique n’échappe pas non plus aux antibiotiques lorsque le recours à des produits phytothérapeutiques ou homéopathiques est inapproprié. En cas exceptionnel et dans des conditions plus strictes que dans les élevages conventionnels, l’aquaculteur bio peut recourir à la médecine vétérinaire allopathique. Plus restrictif encore est le cahier des charges FQC puisqu’il exclut tout type de traitement antibiotique, préventif et curatif, dans les élevages de saumons. Et l’enseigne de préciser : « Si l’usage de substances antibiotiques est nécessaire, les saumons concernés seront soignés conformément aux prescriptions du vétérinaire mais leur commercialisation ne se fera pas dans le cadre de la Filière qualité Carrefour “ saumon sans antibiotique ”. » Bruno VAUDOUR |