Dans un contexte local très concurrentiel, le rayon marée du Super U de l’ouest de la ville s’octroie la part de marché la plus importante de Pornic et au-delà.
C’est sans doute le week-end de l’été le plus chargé pour le rayon marée du Super U de Pornic Ouest, sur la côte de Jade, en baie de Bourgneuf, pris d’assaut dès l’ouverture à 8 h 30. Ce samedi matin 19 août, nombre de clients estivants sont même munis d’une glacière : les vacances achevées, ils vont faire le plein d’océan avant de prendre la route vers leur domicile, pour certains loin de la côte, où l’offre de produits de la mer est parfois à pleurer… Certes les deux mois d’été comptent double (comme décembre), mais une clientèle locale, plutôt âgée, au bon pouvoir d’achat, ainsi que les propriétaires de résidences secondaires sont fidèles toute l’année.
Avec pas moins de 22 mètres de linéaires, l’étal est impressionnant de diversité et de fraîcheur, et vu la fréquentation quasi ininterrompue, il est rechargé plusieurs fois dans la matinée. Comme cette promotion du jour sur la langoustine vivante d’Écosse, d’un beau calibre moyen et à l’excellent rapport qualité-prix. En comparaison, les chalutiers langoustiniers du Croisic ont peu pêché cette saison, avec de surcroît une majorité de petites, vendues à peine moins cher en criée.
Contrairement à d’autres magasins de l’enseigne U (et d’autres enseignes), Véronique Boué, la responsable du rayon, n’est pas tentée par l’achat direct en criée, alors que celles du Croisic et de La Turballe ne sont pourtant qu’à 50 kilomètres. Trop de contraintes d’organisation, selon elle, et elle peut surtout compter sur un sourcing éprouvé, complémentaire, depuis des années et qui lui apporte entière satisfaction, ainsi qu’aux clients, si l’on en juge ses excellents résultats. Une partie de la marchandise provient des criées bretonnes, ligériennes et charentaises, voire normandes, mais via la grande plate-forme U log de Carquefou-Antarès (près de Nantes, à 45 kilomètres de Pornic) et les trois principaux mareyeurs avec lesquels Véronique travaille en direct, pour certains depuis très longtemps : Cap Marée (Coueron, près de Nantes), Ame Haslé (Rennes) et Pêcheries Océanes (à partir du MIN de Nantes). Elle s’appuie aussi sur 13 autres fournisseurs, souvent locaux, plus modestes, pour des produits spécifiques. Elle sait ce que chacun d’eux, petits et grands, peut lui proposer au meilleur rapport qualité-prix. Ainsi, le fameux triptyque saumon/crevette tropicale/cabillaud, incontournable selon elle (un bon tiers du chiffre d’affaires), provient surtout de la centrale, en A pour C (commande par ordinateur). Le vivant, par exemple, est plutôt livré (en A pour B) par deux des trois mareyeurs, qu’elle a au téléphone tous les matins.
Cette autonomie de gouvernance, validée par la direction du magasin, commerce indépendant, est sans doute l’une des clés du succès.
30 ans de poissonnerie pour Véronique Boué
Sur la partie traiteur de l’étal, des lasagnes au thon et saumon de la maison Collet, de Pornic, sont disponibles. L’entreprise, intégrée au groupe toulousain Gozoki en 2017, était une PME d’une trentaine de salariés lorsque Véronique Boué y a été embauchée, au milieu des années 1990. La jeune femme, originaire de La Plaine-sur-Mer et titulaire d’un BEP agroalimentaire, voulait revenir près de chez elle, après une première expérience professionnelle à Nantes, en poissonnerie. Elle devient employée d’une des poissonneries Collet, celle située près du Super U de Pornic Ouest. Au cours des années 2000, cette poissonnerie est rachetée par la famille Maneyrol, propriétaire du Super U à l’époque. Et transférée au bâtiment du supermarché, en extérieur, là où elle se situe actuellement.
La famille Thouzeau, qui acquiert le Super U (et l’U Express du centre-ville) en 2012, va donner à Véronique l’opportunité de devenir cheffe du rayon marée, par le biais de formations. Marine et Baptiste Thouzeau sont issus d’une famille de commerçants. À partir d’un modeste commerce en Vendée, les Thouzeau, en deux générations, sont maintenant à la tête d’un grand nombre de magasins U de toutes tailles à Aizenay, Fontenay, Challans, Coëx, Olonne et Pornic. Une vraie saga familiale de commerçants comme on peut en trouver aussi dans d’autres enseignes d’indépendants.
Marine Thouzeau, 41 ans, est une spécialiste du textile. Elle et son mari, David Dintrat, qui dirige à ses côtés les deux commerces de Pornic depuis 2016, accordent une très large autonomie de gestion et de management à Véronique Boué. La cheffe du rayon marée peut aussi s’appuyer sur Sébastien, son second, qu’elle connaît depuis près de 30 ans puisqu’il a aussi travaillé chez Collet. Un poissonnier hors pair qui connaît une bonne partie de la clientèle par leurs prénoms, comme Véronique. Julie, une pétillante trentenaire (à gauche sur la photo), seconde aussi très bien Véronique (50 ans), surtout pour la partie gestion/commandes. Le socle des sept employés en CDI, présents toute l’année, est solide. C’est un peu plus compliqué de fidéliser les saisonniers, dont les étudiants, qui choisissent d’autres voies professionnelles au terme de leurs études alors que certains feraient d’excellents poissonniers.
Lionel Flageul