« Connaître l’état de dégradation du poisson avant qu’il ne soit bon à jeter, Arnaud Orger-Turbin, |
[ Recherche appliquée ] Le projet La pratique
Le financement |
Lorsque l’on remarque que le poisson n’est plus consommable, il est déjà trop tard. Aux pêcheurs, mareyeurs, grossistes, transformateurs, poissonniers, FoodInnov propose une solution. Grâce au projet collaboratif FishFreshFood, la plateforme d’innovation veut anticiper la dégradation du poisson pour informer les professionnels de l’état de fraîcheur de leurs produits et prévenir les pertes. Aujourd’hui, la fraîcheur du poisson se mesure d’abord avec le nez. Les pros sentent quand les produits de la mer ne sont plus consommables. Et bien qu’il n’y ait aucun doute sur la fiabilité de cette technique ancestrale, si ça pue, c’est déjà trop tard. L’autre moyen, plus scientifique, est l’analyse ABVT. Cette analyse organoleptique mesure la teneur en azote basique volatil total (ABVT). Une technique efficace seulement cinq jours après la mort du poisson et qui ne fonctionne pas sur les céphalopodes, ni sur les espèces cartilagineuses, type raie. Et, de la même manière que l’analyse sensorielle, si le test est négatif, le poisson part à la poubelle. Arnaud Orger-Turbin, responsable scientifique et de projets R & D chez FoodInnov Group, pense avoir trouvé la solution pour mesurer scientifiquement l’état de dégradation du poisson. Grâce à un kit capable d’analyser les nucléotides, il est possible de connaître le nombre de jours restant avant que le poisson ne se périme. « Anticiper l’état de fraîcheur des lots permettra de réduire le gaspillage à tous les maillons de la chaîne », affirme le scientifique, à l’origine de FishFreshFood. Ce projet, labellisé Valorial et soutenu financièrement par la région Pays de la Loire, est réalisé en partenariat avec Mareyage Hennequin et Ô’Poisson, deux entreprises vendéennes. « Si l’on intègre des professionnels dans la boucle, cela fonctionne beaucoup mieux », poursuit Arnaud Orger-Turbin. Le projet s’étend sur trois ans, durant lesquels des tests seront menés sur cinq espèces pêchées localement : le merlu, le maquereau, la julienne, la raie et l’encornet. Sur ces deux dernières espèces, l’analyse ABVT ne fonctionne pas, et sur le maquereau, il n’existe pas de norme européenne. Le kit de mesure des nucléotides serait donc encore plus pertinent pour ces espèces. Cet outil permet donc une meilleure valorisation du poisson brut, transformé, mais aussi des coproduits. « Pour les professionnels souhaitant valoriser les arêtes en poudre, par exemple, des arêtes extrafraîches auront une excellente teneur en collagène. Idem pour la pulpe de poisson », affirme le scientifique. Les kits de test devraient être au point d’ici trois ans. L’objectif de FishFreshFood est de réussir à prouver leur fiabilité. Et pour les professionnels, l’investissement de base devrait être identique voire moins cher qu’un test ABVT. Guillaume JORIS |